Petite introduction à L’élan du monde
J’aimerais vous offrir, par cette lettre mensuelle, une sorte de fenêtre d’atelier
pour regarder dans l’atelier vers le grand dedans ou de l’atelier vers le grand dehors.
Concrètement je pense que cette lettre-atelier contiendra à chaque fois :
Une réflexion,
Quelques poèmes,
Quelques photographies d’aquarelles ou de sculptures
Je serais ravi qu’elle ait, pour vous, le goût d’un café partagé avec un.e ami.e autour de pérégrinations poétiques et sociales.
Rencontre dans la légèreté (détail) - Hiver 2023 - 41,8 x 29,5 cm
Maintenant, comment dire en peu de mots ce qui traverse mes écrits, mes aquarelles et mes sculptures et donc ce qui irriguera cette lettre ?
Si mes sculptures ont, je crois, toujours été un appel à la présence, au fait d’être attentif à ce qui est, en nous et autour de nous, mes aquarelles sont liées au désir, à la liberté et à la relation, à la sensation de fluidité et au mouvement.
On y trouve la relation à l’autre, la relation à l’humain en nous, à l’animal en nous, la relation aux autres espèces animales, la relation au grand dehors, au grand tout et, je crois, la relation à la vie.
Qu’est-ce qui nous anime ? Aussi, que pouvons-nous faire pour être, si possible pleinement, dans la vie ?
Quand à ma pratique de l’écriture, elle est quotidienne, faite de poèmes et de prose.
Je ne suis pas philosophe ou psychanalyste mais j’éprouve le besoin de questionner nos croyances, nos désirs, nos besoins, notre créativité et notre relation à l’inconscient.
Je ne suis pas sociologue ou politologue mais j’ai besoin de dénoncer l’endoctrinement capitaliste.
Ces préoccupations et ces différents modes d’expression sont, pour moi, liés par la même énergie, la même perspective, le même élan et le même désir. C’est ce que j’appelle mon travail d’artiste.
Dès lors, comment dire ce lien ? Comment dire le sens et l’unité de ces recherches, de ces explorations ?
C’est en pédalant sur mon vélo dans un grand dehors hivernal, froid et pluvieux, qu’il m’est venu la formule de champ des possibles.
Le champ des possibles et ses chants.
On peut venir ? (Détail) - Automne 2022 - 40,8 x 21 cm
La technique, le commerce, la politique et les sciences appliquées interviennent directement dans le champ du réel.
Chacun sait combien le moteur à explosion ou l’internet ont radicalement changé le monde.
Mais qui sait en quoi la culture change le monde ?
Actuellement, deux grands courants culturels, deux récits ou deux chants, se côtoient.
Les sirènes du premier affirment qu’il faut « laisser faire les spécialistes » (ce que dénonçait joyeusement Léo Ferré). Dans cette théorie, de grands hommes mènent le monde, ils l’ont toujours fait, ils nous ont toujours fermement conseillés de ne pas nous en mêler, en affirmant que, bon an mal an, on s’en est toujours sortis et que ce n’est pas le changement climatique, les pandémies, la fragilisation des démocraties, l’acidification des océans ou la chute de la biodiversité qui changeront le cours des choses…
L’autre courant, l’autre récit, l’autre chant attire les consciences sur ces bouleversements, en analyse les causes, cherche et propose des pistes d’action et de pensée. Il cultive l’attention au vivant, stimule l’attention au réel et soutient que le monde peut changer, que la vie peut être heureuse
et que la vie est elle-même ce qui permet de rendre la vie heureuse.
Nous ne sommes pas obligés de rester muets et inertes devant l’avancée des moteurs et des explosions. Le désenchantement si souvent inscrit dans nos crânes et nos cœurs par les moteurs, les explosions, les communicants et les gens de pouvoir n’est pas gravé à tout jamais.
La vie libre est là,
toute proche.
Nous ne sommes pas invisibles, nous faisons équipe (détail) - Automne 2022 - 42 x 29,5 cm
J’aimerais terminer cette première lettre par un poème écrit au premier jour de 2023 :
*
Il vient de très loin
le chant des grues
il vient de très loin
il vient d’un lieu
que nous n’habitons plus
le chant des grues
il vient de lieux que nous n’habitons plus
mais si nous écoutons bien
on s’y retrouve
le chant des grues
le chant des grues
on se retrouve dans
le vaste lieu du champ profond
du champ des grues
du chant des grues
il est en nous
nous sommes en lui
le très vaste champ
le très vaste chant
le champ des grues
le chant des grues
*
Voilà, c’est fini pour cette première lettre.
Si elle vous a plu, vous la recevrez chaque premier mardi matin du mois, vers 10h.
J’espère avoir pu partager avec vous ce que je vois de ma fenêtre. Si vous en avez envie, n’hésitez pas à me faire part des correspondances ou différences avec ce que vous percevez de vos propres fenêtres.
Ça m’intéresse. Nous sommes tou.te.s voisin.e.s sur cette terre et tou.te.s embarqué.es dans l’élan du monde !
À bientôt, pour le courrier de Printemps.
Olivier